Article mis à jour le 7 septembre 2023
Le perfecto est le blouson motard par excellence. Né dans l’atelier et des mains d’Irving Schott, il est le fruit d’une commande passée par un concessionnaire Harley Davidson, souhaitant un vêtement à même de protéger en cas de chute et d’éventuellement sauver la vie des pilotes.
Irving Schott s’attela donc à créer une veste en cuir suffisamment résistante pour protéger le biker. Le modèle conçu devait être fait d’une matière solide : le cuir fût donc choisi. C’est la peau de cheval, dont de grands stocks d’après-guerre étaient disponibles, qui composa les premiers modèles. Son net avantage résidait dans la solidité et la qualité qu’il offrait en comparaison à d’autres cuirs, notamment à l’agneau ou au mouton, souvent utilisés à l’époque.
Il fallait également protéger les motards du froid : une ceinture fût alors ajoutée à la taille, évitant que le vent ne s’engouffre à grande vitesse. Au-delà de ces caractéristiques, Irving pensa donc à protéger les parties du corps exposées en cas d’accident, tout en privilégiant l’aspect pratique du Perfecto :
- Fermeture à glissière et croisée.
- Col avec pressions.
- Plusieurs poches pratiques (la poche zippée est d’ailleurs un des traits particuliers du blouson perfecto).
- Etc…
Autant de particularités qui ont donné naissance à la coupe perfecto.
Un niveau de protection jusqu’alors inexistant
Enfermé dans son atelier, Irving Schott prend en compte le danger qu’encourt chaque motard en cas de chute pour livrer son modèle et sa réponse. Quelle partie du corps est exposée en cas d’accident ?
Le torse :
Bien évidemment, il réalisa vite que le torse et le dos pouvaient le plus souffrir. Il pensa donc à une fermeture sur l’avant croisée. Pour ce faire, la fermeture zippée était idéale. Cette dernière n’était alors utilisée que sur des jeans. Elle permettait une fermeture rapide, tout en doublant l’épaisseur de cuir présente sur le torse. Le cuir présent dessus et dessous offrait ainsi une double protection.
Le dos :
Pour ajuster la veste à la taille et la plaquer sur les reins, il ajouta une ceinture d’une pièce, du même cuir que le vêtement. L’ensemble prenait donc une coupe en « V », assurant d’être ajusté au mieux aux besoins des motards.
Le froid et le vent :
Les manches ont également été pensées dans ce sens. Les poignées zippées évitaient que le vent ne rentre en conduisant. Le col pouvait également être fixé à l’aide de pressions, évitant ainsi qu’il ne claque avec la vitesse.
D’avis de motard, par rapport aux blousons et aux vêtements de l’époque, souvent hérités de l’armée, le confort qu’offrait le légendaire perfecto était à nul autre pareil !
Le style « blouson noir » était né !
En tentant de répondre à chaque problème rencontré par les bikers, sans s’en rendre compte, Irving Schott venait de donner naissance à un style.
La couleur choisie pour la veste originelle était le noir. Elle resta d’ailleurs longtemps la seule disponible. Aux vues de l’engouement généré par les modèles en cuirs sortis de son atelier, durant les années suivantes, il décida d’étoffer sa gamme en proposant différentes déclinaisons de sa veste en cuir noir.
C’est ainsi que, dans les années 40, le 613 « one star » fit son apparition. Modifié, doté d’étoiles sur les épaules et d’une doublure avec son nom marqué à l’intérieur, il est le blouson noir que les premiers rockers ont arboré et customisé.
Le 618 est apparu un peu plus tard, perdant les étoiles, et néanmoins doté de pressions au logo de la marque. Entre les deux modèles, peu de différence, le 613 ayant cependant les faveurs du public. Il est celui le plus recherché pour l’achat d’un perfecto à l’époque. Normal quand on sait que les stars du cinéma et du rock le portaient !
Même si au départ le niveau de protection était la préoccupation principale, la question du style a rapidement pris le dessus ! La veste en cuir devient un grand classique. Ses caractéristiques originelles sont toujours présentes (fermeture zippée et rabattue, poches et manches zippées, ceinture à la taille, col à pressions, etc…). Le cuir quant à lui va changer. Avec l’arrivée du 118, c’est la vachette, peau plus souple, qui va être préférée.
Dès lors, le style motard qu’offre le perfecto en cuir, laisse place au style rebelle… Le vêtement passe de veste moto, à signe de contestation et d’anticonformisme. Ayant saisi la mode, de nombreuses marques proposeront dès lors leur version de la mythique veste. Chacune proposant une couleur et une matière différente. L’agneau apparaît, permettant plus de souplesse et de finitions « luxe ».
Le blouson d’une vie
Irving Schott peut se vanter d’avoir impacté la vie de plus d’un homme ! Le perfecto est devenu pour beaucoup, quelle que soit la génération, le blouson d’une vie.
Pour peu que l’entretien soit correct, il peut durer des décennies (sauf peut-être pour les punks de l’époque !). La qualité du cuir et le soin apporté aux finitions, ont fait du perfecto un vêtement considéré comme « increvable ». Il n’est pas rare d’en trouver d’occasion, en parfait état malgré leur âge. Le cuir étant un matériau particulièrement résistant, des fils et des filles portent encore aujourd’hui la veste en cuir de leurs pères !
Au-delà des cuirs employés qui ont changé, l’image et la façon de porter le vêtement ont également évolué. Les femmes portent également des perfectos aujourd’hui. Les marques ne s’y sont pas trompées. Elles proposent des déclinaisons permettant à chacun de s’approprier la coupe et le style. De nombreuses matières se trouvent mêlées au véritable cuir, voire le remplacent :
- Fourrure
- Velours
- Différents types de peaux et de cuirs (agneau, chèvre, vachette, cheval, daim, mouton, etc…)
- Similicuir
- Daim
- Jean
- Nubuck
- Suédine
- Peau lainée
- Doublure plus ou moins épaisse
- Etc.
Les déclinaisons sont aujourd’hui infinies. Les différents retours sur le devant de la scène de la mode de la veste perfecto, ont fait qu’elle s’est adaptée au fil des années. De nombreuses marques proposent l’emblématique blouson dans leur gamme. Le rapport à la légende est si fort, qu’en réponse, ces marques n’ont eu d’autre choix que de proposer leur version du mythique modèle de veste d’Irving Schott.
Le perfecto : une veste universelle !
Ce vêtement n’est plus l’apanage de l’homme. Le perfecto femme est aujourd’hui monnaie courante et représente une grande proportion en termes d’achat.
Porté de mille façons (avec une chemise en dessous, un T-shirt, des chaussures à talons, trop grand d’une taille, avec un haut niveau de finition, torse nu à même la peau, etc…), le « perf » est passé du simple blouson moto, aux podiums de mode. Les marques ont compris que ce vêtement emblématique devait faire partie de leur collection.
Il y a fort à parier qu’Irving Schott, à l’heure où il confectionnait la première pièce, donnant vie au fameux modèle dans son atelier, était loin d’imaginer à quel point sa création ferait l’unanimité au fil des années. Et pourtant ! Il n’existe plus un, mais des perfectos.
Le blouson noir est aujourd’hui une pièce de mode, que chacun s’approprie et adapte à son style. La gamme de déclinaisons existantes fait que chacun peut adopter ce vêtement, sans pour autant trahir son look. D’avis de fashionista, il faut même oser la couleur et sortir des sentiers battus (rouge, bordeaux, deep blue, blanc et même rose !).
Comme bien des inventions géniales, cette veste en cuir de qualité est née de la nécessité d’une poignée de personnes, pour finir portée par le plus grand nombre. Qu’en sera-t-il demain du perfecto, qui ne comptabilise pas moins de 90 années d’existence ?!